Le vêtement comme convention sociale
Un dialogue entre Irinas les feuilles mortes et Emmanuelles les tortues Les Irinas pensent que la vie est attente et mystère mais elles sont disposées à saisir les opportunités du moment tout en restant nostalgiques du passé. Elles craignent le mal qui sait prendre des apparences trompeuses. Les Emmanuelles sont des raisonneuses qui préfèrent se fier à la logique plutôt qu’aux sentiments.
Emmanuelles: Irinas, vous avez écouté Davina et Peter dernièrement?
Irinas: leur émission à propos du nudisme?
Emmanuelles: c’est ça. Ils en ont fait un débat sur les différences culturelles sans vraiment expliquer pourquoi ces différences ont de la valeur.
Irinas: c’est pourtant facile: si tout le monde se dénude, cela fait disparaître les signes de reconnaissance sociale et c’est un danger.
Emmanuelles : c’est cela. Le vêtement obéit à des conventions et s’en débarrasser, c’est rejeter la société et ses règles.
Irinas: s’ensuit-il qu’en Finlande, les gens sont autonomes vis-à-vis de l’état alors que ce n’est pas le cas au Canada?
Emmanuelles: c’est possible. Il y a aussi les saunas où chacun se dénude et va ensuite se plonger dans des lacs s’ils sont à proximité. Cela crée un état d’esprit particulier qui définit la société. Au Canada, il se peut que l’influence du puritanisme anglais se fasse sentir dans de nombreux domaines.
Irinas: donc se dénuder en Finlande est encore appartenir au groupe alors qu’il ne faut pas le faire en public au Canada.
Emmanuelles: oui, c’est cela. Peter et Davina ont surtout critiqué ces choix divers au nom d’un universalisme idéal sans assez admettre que tout acte culturel est un acte d’appartenance et que c’est en cela qu’il est important et inévitable.
Irinas: d’ailleurs même quand ce sont les actes opposés qui sont choisis par rebellion contre la pression sociale, ils restent encore conditionnés par les habitudes de la majorité. Cela se voit bien dans la mode. Elle n’existe que pour se différencier mais dépend de ce qui précéde. Quand nous apercevons des humains se promener dans le domaine, nous devinons comment ils sont en regardant les vêtements qu’ils portent.
Emmanuelles : ils passent d’ailleurs souvent beaucoup de temps à les choisir donc c’est évident que se dénuder a une valeur très symbolique souvent d’ailleurs en rapport avec l’intimité. C’est ce qui, dans certains groupes, heurte les sensibilités.
Irinas: le passage du cuit au cru si l’on peut dire.
Emmanuelles: oui, bien que le cru soit un mythe car les humains ont toujours vécu dans le symbole et la culture.
Irinas: et même s’ils vivaient nus, ils trouveraient sans doute des moyens d’accentuer leurs différences.
Emmanuelles: ou alors ils ne seraient pas ce qu’ils sont. En l’état, ils croient se libérer des conventions pour être eux-mêmes en communiant avec la nature mais ils ne font que créer une nouvelle convention.
Irinas: et ils nient en passant leur ingéniosité qui leur a fait créer ces vêtements.
Emmanuelles: être nus, pour eux, c’est un luxe.
Irinas: les moustiques doivent aimer ça en Finlande!
Emmanuelles: ah, ah, Irinas, s’il y a des moustiques, les humains se protègent avec des produits chimiques. Ça leur fait un habit transparent.
Irinas: alors que ce soit pour des raison culturelles ou des raisons de survie, ils ne peuvent pas longtemps se passer de vêtements.
Emmanuelles: et ce n’est que parce qu’ils ont un regard superficiel sur les choses que Davina et Peter peuvent raconter ce qu’ils racontent.
Irinas: heureusement, nous sommes là pour remettre les choses en place!
Analyse
Quel est le rôle du vêtement dans la société?
Pour Emmanuelles, il permet de définir positions et idées. C’est pour cela que s’en passer, c’est rejeter la société sauf dans les cas où cette société accepte la nudité.
Pour Irinas, quelque soit la position que les humains adoptent, ils l’expriment par leurs actes et la mode en est un exemple.
Discussions possible
En quoi l’habit fait-il le moine?
Peut-on échapper aux conventions sociales?
Pour finir
Envie de réflexion un peu plus poussée? Voyez, par exemple, Philosophie de la mode où Georg Simmel montre que s’habiller est un besoin avant tout social.
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