Du respect des droits d’autrui
Un dialogue entre Davina l’oie et Peter le faucon. Davina est une grande voyageuse qui sait que la connaissance et la morale s’acquièrent avec l’expérience. Peter pense que les animaux et les plantes sont les égaux des humains et que l’entraide est nécessaire.
Davina: Peter, que diriez-vous de parler de yoga aujourd’hui ?
Peter: je vous écoute, Davina
Davina: eh bien, un homme aux USA a écrit que les femmes un peu âgées ou fortes devraient éviter de porter des pantalons de yoga en dehors des classes de yoga.
Peter: ah, il ne s’agit pas de yoga mais d’esthétique.
Davina: il a déclenché un tollé de la part de certaines femmes qui se sont senties attaquées dans leur droit à s’habiller comme elles le veulent.
Peter: cela me fait penser à une conversation que j’ai entendue entre les Simones et Luce.
Davina: où elles disaient que les mâles imaginent que leur vision du monde est universelle et veulent l’imposer aux femelles?
Peter: oui, c’est ça. Croyez-vous qu’il s’agisse du même cas ici?
Davina: oui et non car les femmes qui se sont manisfesté ont pris cela comme une atteinte à leur identité venue d’un homme dominateur mais il peut aussi s’agir du droit à la parole de chacun.
Peter: deux droits qui ont chacun leur valeur propre mais ne sont pas toujours compatibles.
Davina: c’est cela. L’expérience des unes et des autres dans cette histoire aurait du permettre à chacun de réaliser qu’il s’agissait de droits différents ou sinon de droits, du moins de conceptions différentes ayant chacune de la valeur. Ainsi pourquoi, au lieu de se sentir agressé, chacun n’a-t-il pas compris et respecté le droit de l’autre à s’exprimer? Les humains semblent de plus en plus attachés à leurs prérogatives et de moins en moins enclins à faire des compromis. Chacun reste sur ses positions et oublie d’essayer de comprendre.
Peter: vous voulez dire qu’entre être poli pour respecter les différences ou franc pour exprimer son individualité, ou entre être libre de ses choix ou faire des efforts pour ne pas offenser, il n’y a plus de moyen terme, c’est ça?
Davina: oui, vous résumez bien la situation. Tout droit suppose des devoirs et en particulier celui de comprendre l’origine de ces droits. Cela permet alors de voir que la vie en communauté demande toujours de se faire un peu violence pour cohabiter paisiblement avec autrui..
Peter: leur société est trop grande si bien que beaucoup oublient que l’entraide et le respect sont nécessaires pour que tout fonctionne correctement. Il y a une atomisation des individualités perdues dans l’illusion de leur autonomie.
Davina: autonomie illusoire mais qui leur permet de penser que tout est possible.
Peter: que ce soit de parler de façon dérogative ou de nier l’effet que les choix individuels ont sur la communauté.
Davina: c’est ça.
Peter: ils peuvent s’ignorer, cela éviterait les conflits!
Davina: oui, bien sûr, mais si chacun reste dans sa bulle pour ne pas être contrarié, ne croyez-vous pas que la société s’effondre? Il faut avoir de la bienveillance envers autrui, cela permet de comprendre et d’accepter librement les impératifs moraux.
Peter: je suis bien d’accord avec vous chère Davina mais s’ils ne veulent plus écouter leur coeur et leur bon sens, ils se peut qu’ils finissent par se battre plus et se reproduire moins. Nous n’en serions pas fâchés s’ils étaient moins nombreux.
Davina: Peter, vous êtes cynique mais vu de cette façon, vous avez peut-être raison.
Peter: vous voyez, vive les pantalons de yoga!
Analyse
Comment vivre en société et s’exprimer librement quand chacun est différent?
Pour Davina, prendre des positions de principe sans accepter de regarder la réalite des choses ne peut que conduire à des antagonismes. Le droit est toujours quelque chose qui se négocie au cas par cas et si on oublie d’être bienveillant, il n’y a plus de morale possible.
Pour Peter, l’entraide nécessaire pour qu’une société fonctionne correctement devrait inciter chacun à réfléchir à ses choix afin de concerver l’harmonie mais si chacun se pense autonome, cette nécessité n’est plus perçue.
Discussions possibles
Dois-je penser à l’effet que mes choix auront sur autrui avant de les faire?
La liberté est-elle compatible avec la différence?
Pour finir
Envie de réflexion un peu plus poussée? Voyez, par exemple, Enquête sur les principes de la morale où Hume montre que la morale s’appuie sur un sentiment naturel de bienveillance envers autrui.
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